L’art et la manière d’enkyster une situation?
Les raisons, pour lesquelles les autres nous posent des problèmes, sont d’une grande variété. En revanche la façon, dont nous stimulons leurs efforts pour nous rendre fou, est à peu près toujours similaire.
Premièrement, essayer une solution de bon sens qui ne fonctionne pas.
Pour inciter quelqu’un à changer d’attitudes ou de comportement, nous lui conseillons ou nous avons à son égard une attitude qui habituellement fonctionne pour des personnes dans sa situation.
Par exemple : Jean-Michel dit à Laurent que le document qu’il vient d’écrire demande davantage de travail et Laurent lui explique quel a été son parti pris.
La réaction de Laurent est pleine de bon sens mais elle ne donne pas les résultats attendus car Jean-Michel l’interrompt et continue ses récriminations.
Deuxièmement, continuer à faire plus de la même chose
Laurent explique à nouveau pourquoi il a évité certaines parties du sujet dans son document. Il défend ses choix et tente de convaincre Jean-Michel. Ce dernier poursuit ses sermons en disant à Laurent qu’il n’écoute rien. Laurent se défend à nouveau et Jean-Michel le sanctionne.
Laurent a tenté une explication rationnelle qui n’est pas entendue. Il ne se rend pas compte de la façon dont sa réponse inappropriée crée un cercle vicieux dans lequel : plus il explique ses choix, plus Jean-Michel lui reproche sa façon d’écrire… et vice – versa
Cet exemple, illustre le mécanisme selon lequel invariablement nous créons les conditions de blocage du changement.
Plus nous insistons, plus les autres s’opposent. Cela vous rappelle t’il certaines situations ?
Quelle histoire nous racontons nous ?
L’exemple suivant vous donne une illustration d’une manière d’intervenir sur une difficulté récurrente. Nous commençons par clarifier l’histoire que nous nous racontons généralement au sujet de cette difficulté.
Écrire noir sur blanc le problème que vous avez avec le comportement perturbant de quelqu’un.
Imaginons que vous ayez un collègue qui ait réponse à tout. Peu importe ce que vous dites, il vous explique ce que et comment vous devez faire les choses. Ses conseils permanents vous rendent fou.
Noter votre explication de l’existence du problème.
Pourquoi me donne-il tant de conseils ? Parce qu’il croit qu’il connaît tout. Il a été prof pendant des années et il pense que son rôle est toujours d’apprendre à tout le monde.
C’est plus fort que lui à un tel point que s’il voulait avoir une autre attitude, il n’y arriverait même pas.
Inscrire ce que serait l’explication du problème du point de vue de l’autre personne.
Il dirait probablement que je me fais en permanence du souci pour un problème mais que je n’agis pas. Il penserait que la seule chose que je fasse, c’est de m’en faire.
C’est naturel de construire des histoires et chacun le fait. Mais voir les évènements que d’un seul point de vue, ce qui est souvent le cas, mène à des erreurs d’interprétation. Malheureusement notre histoire, notre interprétation des faits et des intentions des personnes, devient pour nous une vérité pas facile à envisager sous un autre angle. Nous avons tendance à la renforcer en disant et répétant notre histoire autour de nous. Combien de fois nous arrive-t-il de parler de nos frustrations ? Petit à petit nous voilà conforté dans notre bon droit face à cette situation difficile dans laquelle nous faisons notre maximum, pour un problème qui n’est pas de notre ressort.
D’où ce sentiment de ne faire que produire et reproduire la seule solution qui vous paraît raisonnable.
Pourquoi une telle compulsion ?
Principalement, à cause de cette histoire à sens unique que nous cessons de nous répéter, mais aussi pour trois autres raisons.
Nous sommes pris dans notre propre logique.
En effet, quoi de plus normal que d’essayer de reproduire des solutions qui ont antérieurement bien fonctionnées. Et généralement, si la solution ne donne pas de résultat, nous avons tendance à nous dire que nous ne l’avons pas suffisamment bien appliquée.
Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes dans plus de la même chose.
Nos tentatives de solutions si elles sont variées, elles n’en gardent pas moins le goût de la même chose. Par exemple, à un manager qui n’écoute pas son équipe, vous pouvez lui dire, lui écrire, le mettre dans ses objectifs de l’année, le former etc. Mais quelque soit le niveau sonore utilisé, vous passez votre temps à lui dire qu’il doit écouter ses collaborateurs.
Nous ne pouvons pas imaginer quoique ce soit de meilleur.
Faute d’une meilleure solution, nous nous contentons de reproduire la même chose qui ne marche pas. Par exemple, nous disons : si je te l’ai déjà dit une fois, je l’ai fait cent fois et puis nous répétons une 101ième fois.
Un seul moyen de s’en sortir : arrêter le toujours plus de la même chose.
Pour faire changer un comportement qui pose problème, nous ne pouvons que changer notre tentative de régulation de bon sens qui ne marche pas.
Trois étapes nous y aident :
Quel est le problème de départ ?
Celui-ci doit être exprimé le plus concrètement possible et terme de comportements ou de paroles qui posent problème (faire une description et éviter les explications). Que font et que disent les personnes dont le comportement pose problème ? Si l’on ne peut pas changer les personnes il est en revanche possible de faire cesser un comportement qui pose problème ou de s’organiser pour en éviter les conséquences.
Qu’avez-vous fait au sujet de votre problème depuis si longtemps ?
Quel est ce plus de la même chose, dans lequel vous vous êtes enfermé ? Sachant qu’il peut se travestir de 1000 façons différentes !
Que pourriez-vous faire à la place ?
Ayant un énoncé factuel du problème à résoudre, et sachant ce que vous avez fait jusqu’à présent qui ne fonctionne pas, vous pourrez en déduire plus facilement ce que vous pourriez faire de réellement différent. L’idée étant d’abandonner ce que vous faites d’inefficace face à la situation.
Olivier Millet
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